Bio
Depuis le début de sa carrière musicale dans les années 90, le multi-instrumentiste cubain Roberto Fonseca s’est donné une mission claire: “je veux que ma musique arrive jusqu’aux gens qui ne me connaissent pas, et je rêve un jour de devenir un point de référence pour mon public.” Bien qu’encore très jeune –selon les standards du jazz, hip-hop, musiques du monde ou tout autre genre – Fonseca est resté concentré sur sa mission originelle qui lui a déjà apporté une reconnaissance mondiale.
Le Guardian est une des nombreuses voix de la presse musicale ou généraliste du monde entier qui ont reconnu l’immense talent de Fonseca en l’annonçant comme « un pianiste au talent fou, compositeur et directeur artistique avec un don pour les mélodies qui mettent en avant ses pairs les plus célèbres.» Le Guardian le proclame plus loin comme “un musicien issu d’une espèce nouvelle qui transcende les limites de la musique juste par son immense qualité.”
Né d’une famille de musiciens à la Havane à Cuba en 1975, le jeune Roberto a d’abord tourné autour des percussions avant de commencer à jouer du piano à l’âge de 8 ans (son intérêt pour les percussions se fera ensuite sentir dans son piano). Lors de ses premières performances musicales, il jouait de la batterie dans un groupe qui reprenait des chansons des Beatles.
Il commence à composer à 14 ans, en s’inspirant des musiques afro-cubaines. « A l’école, on voyait le Jazz américain comme la référence » se souvient Fonseca. “ Je sentais que ma musique serait la fusion des deux genres. J’aimais beaucoup de musiciens de Jazz, comme Herbie Hancock et Keith Jarret, mais aussi le vieux Funk américain et les classiques de Soul ».
Son apparition au Havana International Jazz Festival au tout jeune âge de 15 ans n’était pas seulement une révélation pour le public mais aussi une rampe de lancement qui aboutira à un diplôme de l’Instituto Superior de Arte. Mais le diplôme sera uniquement le début de son éducation musicale. Il a vu chaque opportunité après le collège comme l’occasion de faire fusionner son style avec d’autres et de créer quelque chose de plus grand que la somme de ces expériences. A 21 ans, il embarque pour une tournée en Italie avec le chanteur Augusto Enriquez, et a joué notamment sur la RAI, la chaine de télévision nationale italienne, ce qui permit au public de le connaitre bien au-delà de ses origines cubaines.
Peu de temps après la tournée italienne, Fonseca rejoint le saxophoniste Javier Zalba pour former Temperamento, un groupe qui devient sa plateforme créative pour les 15 années suivantes, en commençant par la sortie de En el Comienzo en 1998. L’album gagne le prix du meilleur album de Jazz au festival Cubadisco en 1999.
En el Comienzo sera suivi rapidement de trois albums solo – Tiene Que Ver (1999), No Limit (2000) et Elengó (2001). Entre ces projets, il a aussi composé la musique du film Black, du réalisateur français P. Maraval, et produit Un montón de cosas, un album du groupe de hip-hop Obsesión.
En 2001, il rejoint l’Orchestre d’Ibrahim Ferrer pour une tournée mondiale de plus de 400 dates en Europe, Grande-Bretagne, Amérique du Sud, Australie, Asie et dans tous les coins du monde. Dirigé par Ferrer –membre du Buena Vista Social Club™, le légendaire collectif Cubain qui conquit le monde en un éclair quelques cinq années auparavant– la tournée avec le Buena Vista mit Fonseca aux côtés de musiciens légendaires comme Cachaíto López, Guajiro Mirabal, Manuel Galbán et beaucoup d’autres. La tournée marque le début de relations continuelles et fructueuses avec de nombreux membres du Buena Vista Social Club.
La relation de Fonseca avec Ferrer se renforce avec les années de tournées. Quand Ferrer enregistre sa collection de boleros qu’il affectionne, il va chercher Fonseca pour arranger ses compositions et coproduire l’enregistrement. Mi Sueño: A Bolero Songbook sort au début de 2005, et une tournée mondiale vient plus tard cette année-là. Le projet sera le dernier de Ferrer – et sans doute l’un de ses meilleurs– avant sa mort en août 2005.
Malgré cette perte déchirante, Fonseca avait gagné sa réputation de pont créatif entre la musique traditionnelle cubaine et le son d’une nouvelle ère. En tant que tel, il attira non seulement l’attention de publics enthousiastes mais aussi de musiciens expérimentés. Omara Portuondo, autre membre du Buena Vista l’invite aussi à la rejoindre en tournée.
L’intensité des tournées et de l’exposition multiculturelle ont fait germer Zamazu, l’enregistrement monumental de Fonseca en 2007 qui rassemble plus de 20 musiciens et tous les éléments de ses multiples influences : musique Afro-Cubaine, Jazz, Classique et musique traditionnelle cubaine. Parmi les musiciens de cet enregistrement multiple et ambitieux se trouvent Portuondo, Zalba, Carlinhos Brown, Vincente Amigo, Ramsés Rodríguez et beaucoup d’autres. Après la sortie de Zamazu, Fonseca joue de belles portions du projet dans quelques-uns des plus grands festivals du monde devant un public conquis.
“Llegó Cachaíto,” l’un des morceaux de Zamazu, apparaitra dans Hancock, le film de 2008 avec Will Smith en premier rôle. Cette même année, Fonseca joua aussi sur le Gracias de Portuondo, un album qui remporte un Latin Grammy pour le meilleur album tropical contemporain.
Zamazu est un format difficile à porter sur scène, mais Fonseca trouve le moyen de rendre la magie et l’énergie du spectacle live en studio pour la sortie en 2009 de Akokan. L’album présente son quartet avec en invités spéciaux la chanteuse Cap Verdienne Mayra Andrade et le guitariste Americain Raul Midón.
L’année suivante, 2010, ne fut pas moins intense et ambitieuse pour Fonseca. Il collabore avec le réalisateur Jorge Fuentes pour filmer Temperamento, un documentaire sur l’histoire du groupe qu’a cofondé Fonseca plus d’une décennie auparavant. Fonseca aussi arrange et co-produit Cultura avec le DJ Britannique Gilles Peterson. Le double album sorti en 2010 rassemble le meilleur de la nouvelle génération de musiciens cubains- plus de 60 au total- représentants de l’Afro-jazz, du Hip-hop, du Funk, du Reggaeton et du R&B. Plus tard cette même année, il sort Live in Marciac, un CD-DVD de Fonseca et son groupe au célèbre festival de jazz du sud de la France en 2009.
Sur son chemin, Fonseca développe un sens esthétique qui s’étend bien au-delà de la musique. C’est devenu de plus en plus évident quand il a entamé une collaboration professionnelle avec la créatrice française Agnès B. Leur relation nait quand il commence à porter ses créations à chacune de ses performances, et se confirme quand il joue pour le défilé Agnès B à Paris en 2006. La musique de Fonseca a aussi été utilisée pour des campagnes publicitaires sur internet pour le magazine Marie Claire.
Sa dernière production studio Yo, a été récemment nominée aux GRAMMY® awards dans la catégorie du meilleur album Latin Jazz de l’année.
Enregistré à Paris, Yo emprunte son titre dépouillé mais éloquent à l’espagnol “ Moi”. Fonseca y est clairement le point de convergence de l’album, mais ses sonorités multidimensionnelles et multiculturelles existent au sein d’une inextricable mosaïque composée de 15 musiciens cubains, africains, américains et autres. Tous ces grands partenaires ont accompagné Fonseca sur de nouvelles voies qu’il continue à explorer vers d’infinies directions et créations artistiques.
Fonseca et son équipe ont déjà présenté Yo dans le monde entier, avec plus de 100 concerts depuis avril 2012.
Malgré ce calendrier ambitieux, il trouve le temps de remixer le nouvel album du groupe français de rock alternatif Mensch.
Les performances sur scène ont ébloui les publics d’Europe, Amérique du Nord et du Japon. Le Guardian évoque “Une étonnante démonstration de ce qui peut se passer quand un grand pianiste cubain est obsédé par l’Afrique. Fonseca est le représentant de la meilleure fusion à Cuba”. The Arts Desk dit de Roberto, “Tout le sens venait du fait que Fonseca était connecté à la musique par toutes ses cellules, qu’elle sortait de son corps et de son âme”. L’album reçu aussi de nombreuses récompenses comme celle du Meilleur album 2012 pour le Sunday Times, Le Monde, The Guardian, Vibrations, Télérama et après sa sortie aux U.S.A perpétue la tradition avec le Best of 2013 pour le Washington Post, “Songs of 2013” sur NPR.
Comme toujours avec Fonseca, il reste de nouveaux mondes créatifs à explorer, et de nouveaux ponts artistiques à construire en le monde traditionnel et le monde moderne. “Cet album révèle le début d’une nouvelle phase plus que la fermeture d’une ancienne » dit-il. “Je veux plonger profond dans mes racines à la lumière de mes expériences et montrer la diversité de mon univers musical, toutes ces idées que j’avais mises de côté et que je n’ai pas pu utiliser jusqu’à maintenant.”
En 2014, il a combiné une série de concerts en solitaire: robertoSOLOfonseca en France et en Russie, et egalement une brève tournée en trio aux États Unis.
La collaboration la plus importante de 2015 fut la tournée d’été avec la chanteuse malienne Fatoumata Diawara. Suite à cette intense rencontre, il a sorti l’album “At Home” (Jazz Village) suite à son passage au Festival de Jazz de Marciac.
ABUC, son nouvel album (le 8ème paru sous son seul nom à ce jour et le 1er publié par le fameux label impulse!) révèle un autre aspect du personnage: Roberto Fonseca est un conteur. Foisonnant de rythmes canailles et de cuivres gaillards, tissé d’allusions, de souvenirs et de contrastes, kaléidoscope de couleurs dansantes, ABUC raconte une histoire. La grande et riche histoire de la musique cubaine, d’hier à aujourd’hui. Entre contradanza, mambo, cha-cha-cha, danzon et boléro, esprit de la descarga et hip-hop, il la narre à sa manière, fourmillante de clins d’oeils au passé, tout en se déclinant sous des détours stimulants de contemporanéité. Il croise le son d’hier (gambadant au passage sur un orgue hammond) et celui d’aujourd’hui (avec une touche d’électro), s’affranchit du fil chronologique, mélange les époques au gré des plages, ou au sein même d’un titre, parfois. Tracer des lignes droites n’est pas son truc. Lui préfère les zigzags, les lectures bousculées, inversées. Vous l’aviez sans doute remarqué : ABUC, c’est un palindrome, CUBA, écrit à l’envers. Le voyage dans le temps proposé ici ne suit donc pas un chemin linéaire. L’idée de la boucle, sied davantage à Roberto.
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